Maître Gisèle Cohen : Le bon sens avant le procès, une vision moderne de la justice
Si ses rôles se déclinent selon des axes distincts, nous verrons qu’ils se rejoignent in fine sous une même attitude face au droit, inhabituelle sous nos cieux, mais extrêmement rafraîchissante : le sens de la négociation. Maître Gisèle Cohen est chaleureuse, vibrante et, si l’on osait, lumineuse. Avocat, mandataire immobilier et médiatrice, les fonctions s’épousent manifestement à merveille.
L’expertise avant les dégâts
Délimitons, pour commencer, les champs juridiques dans lesquels officie notre interlocutrice : le droit des affaires et le droit immobilier.
Dans le premier cas, elle effectue des accompagnements globaux, de la création d’entreprise jusqu’à sa dissolution, en passant par tous les besoins que rencontrerait la société (rédaction de contrats, etc.).
Elle nous explique que le chef d’entreprise raisonne en chiffre d’affaires, ce qui est bien compréhensible. Seulement, si trouver le client est une chose, se faire payer en est une autre.
Délicate question que celle du recouvrement.
Une fois passée la phase amiable, lorsque les lettres de relances n’ont trouvé aucun écho, il importe de considérer les mécanismes de prescription, parfois très courts. Clairement, le temps ne joue pas en faveur du créancier. On en vient presque à penser que l’activité judiciaire laisse la prime à la mauvaise foi des mauvais payeurs. C’est agaçant, mais c’est ainsi. D’où la nécessité de prévenir l’impayé et d’adopter les bons réflexes dès qu’il y a une difficulté. Toutes ces mesures de prévention, cette bonne hygiène juridique, Maître Cohen les orchestre et les transmet.
Le droit immobilier est aussi une spécialité au sens fort.
Les conséquences d’un achat, l’annulation d’une vente, la résiliation ou la simple rédaction d’un bail supposent, là encore, l’attention experte pour se prémunir du pire. Mais elle investit cette sphère sur un mode original puisque outre les habituelles missions de l’avocat, son cabinet est aussi mandataire en transactions immobilières. Maître Cohen, qui aime à accompagner les stratégies patrimoniales, y voit un témoignage de confiance et de reconnaissance. Acquisition et accompagnement. Voilà la formule. Travaillant auprès de particuliers et de professionnels (syndics de copropriétés, administrateurs de biens, etc.), elle observe comme tout le monde que le droit français protège beaucoup les locataires, mais au détriment des bailleurs qui rencontrent pourtant une foule de difficultés. Néanmoins, si les qualités d’écoute de l’avocat relèvent de l’évidence, on peut craindre qu’elles ne soient pas toujours premières et c’est là l’une des plus-values remarquables de Maître Cohen.
Valoriser le besoin réel en évitant de longues et coûteuses procédures
Maitre Gisèle COHEN a conçu des méthodes permettant d’aller vers la résolution des litiges par une médiation reposant sur les habiletés de la négociation. Cette alternative, très pratiquée aux États-Unis, l’est beaucoup moins chez nous et c’est une étrangeté tant ses avantages sont évidents (gain de temps et économies pour les deux parties). A l’étranger après une simple mise en demeure, le créancier obtient ce qui lui est dû. Les choses vont bien différemment en France et Maître Cohen ne le sait que trop. Son expérience aiguë des tribunaux (plein à craquer, comme chacun sait) et les problématiques de ses clients (toujours singulières), l’ont progressivement amenée à revoir sa pratique en s’inspirant de ce qui se fait par ailleurs. « Il faut impliquer le client, affirme-t-elle, assurer une information permanente autour du dossier, récapituler, établir des feuilles de route ». Et, par-dessus tout, bien comprendre que gagner un procès est certes flatteur, mais que résoudre un problème et conserver une relation d’affaire avec la partie opposée est autrement intéressant. « Le client doit déterminer ce qu’il souhaite véritablement, et cela nécessite de poser les choses rationnellement, de tenir une posture d’humilité et de le laisser au cœur de sa propre situation ». Un objectif : sortir par le haut.
Évidemment dans certains cas le procès est nécessaire voire la seule option et il faut l’engager sans perdre de temps et montrer sa détermination.
S’il fallait dire les choses d’un mot : elle propose à ses clients des alternatives qui leur permettent de retrouver la sérénité et la liberté d’agir en passant par la médiation, la négociation et la conciliation.
Sans doute sommes-nous spontanément désireux de nous associer les services d’un « avocat pitbull » qui ruera dans les brancards de la partie adverse, quitte à remporter ces tristes victoires à la Pyrrhus.
Mais quid des aléas ? Les affaires imperdables se perdent. Quid des délais ? Veut-on vraiment être privé de loyer durant 18 mois ? Recouvrer une créance au bout de 2 ans ?
Il y a souvent des manières de faire plus efficaces, plus stratégiques et plus saines.
Aujourd’hui, ses clients la contactent sur un mode qui tranche avec l’habitus vengeur et les réflexes procéduriers vers lesquels pousse notre culture du droit : « Maître, je ne veux plus de procès longs et coûteux, que peut-on faire ? ».
Il y a certes un contrat, mais il sera possible de le repenser par les armes de la négociation.
Certains vont jusqu’à lui déclarer immédiatement « comment peut-on transiger ? ».
Lucides sur le temps judiciaire, sur les sommes engagées et le coût nerveux, ils ne songent même plus à aller en procès.
Mais l’avocat précise que les mécanismes de négociation sont très structurés et qu’on ne les acquiert qu’au terme de formations auxquelles s’ajoute l’expérience.
On n’improvise pas une médiation.
Gisèle COHEN (Avocat en droit immobilier et droit des affaires).
article publié lsur Le Point Magazine